Webinaire du 31 mai 2022
La santé constitue un enjeu majeur pour les filières de productions animales. Les épidémies d’influenza aviaire et la menace de la peste porcine Africaine constituent actuellement deux exemples emblématiques respectivement pour les filières avicoles et porcines françaises. La prévention et la maîtrise des risques sanitaires en élevage repose sur l’identification précoce des dangers. Lors des Etats généraux du sanitaire réunis en janvier 2010, le ministère de l'Agriculture s'est engagé dans l'élaboration d'une politique de sécurité sanitaire plus performante en France. En 2011, grâce à cet engagement, la plateforme d’épidémiosurveillance en santé animale (ESA) a vu le jour. Son objectif est de veiller à l’efficacité et l’efficience de la surveillance épidémiologique en santé animale. Cette surveillance permet aux décideurs de mettre en place et piloter des actions de prévention et de lutte sur des dangers ciblés. Des approches complémentaires sont conçues pour détecter précocement des anomalies signant l’apparition de nouveaux dangers. Elles doivent favoriser une mise en œuvre rapide de moyens de prévention ou de lutte.
Les antibiotiques sont des médicaments vétérinaires utilisés en cas d'infections bactériennes. Ce sont de précieux outils de gestion de la santé animale. Pour autant, l’émergence et la propagation de la résistance aux antibiotiques doivent mener à une utilisation plus prudente de ces médicaments afin de préserver leur efficacité. Initié en 2019, le projet européen ROADMAP a pour principal objectif de favoriser les transitions vers une utilisation prudente des antibiotiques dans les filières animales. Les systèmes de décision en matière d’usage des antibiotiques tout au long des chaînes alimentaires et pharmaceutiques y sont tout particulièrement étudiés en associant non seulement sciences animales et vétérinaires, mais aussi sciences sociales et économie.
A quoi servent les outils de surveillance de la santé animale ? Comment fonctionnent-ils ? Quels sont leurs atouts et leurs limites ? Comment faire évoluer les acteurs de la santé animale vers de nouvelles pratiques de gestion de la santé animale face à l'antibiorésistance en particulier ou de façon plus générale ? Autant de questions que l’AFZ se propose d'examiner avec vous au cours de ce second webinaire.
Les experts présenteront les avancées récentes sur les outils et approches de surveillance des dangers sanitaires dans les filières animales ainsi que les démarches mises en œuvre pour un usage plus prudent des antibiotiques. Sur la surveillance, seront présentés la plateforme d’épidémiosurveillance en santé animale et un exemple de méthode pour la surveillance syndromique. Sur les antibiotiques, les atouts et limites posés par les modifications d’usage au niveau des filières animales et les leviers d’action pour modifier les comportements seront discutés. Quelques uns des premiers résultats du projet européen ROADMAP qui vise à favoriser les transitions vers une utilisation prudente des antibiotiques dans les filières bovines, porcines et avicoles, seront présentés à ce titre.
Vidéos
Programme
- La Plateforme nationale d’épidémiosurveillance en santé animale (ESA) : un appui pour la surveillance des maladies émergentes (C. Dupuy, Plateforme ESA, Anses)
- Surveillance syndromique de maladies animales, l’exemple bovin (A. Madouasse, ONIRIS, INRAE)
- Repenser les transitions des systèmes agricoles vers un usage prudent et raisonné des antibiotiques, projet européen ROADMAP
- Développement des approches préventives en médecine vétérinaire : une évolution des pratiques médicales et des modèles économiques en santé animale (N. Fortané, INRAE)
- Les filières sans antibiotiques, un levier de progrès et de valorisation (C. Roguet, IFIP)
- Discussion générale
Intervenants
- Céline DUPUY est vétérinaire et docteure en épidémiologie. Elle est coordinatrice, depuis 2019, de la plateforme d’épidémiosurveillance en santé animale (ESA) et épidémiologiste au sein du laboratoire de Lyon de l’Anses.
- Aurélien MADOUASSE, diplômé de l'école vétérinaire de Nantes en 2006 et docteur en épidémiologie vétérinaire, est maître de conférences en santé et épidémiologie des populations bovines à Oniris, l'École nationale vétérinaire, agroalimentaire et de l’alimentation de Nantes dans l’unité BIOEPAR (Oniris, INRAE). Il a réalisé son doctorat à Nottingham (Royaume-Uni) sur les mammites et la reproduction chez les bovins laitiers. Il conduit des recherches sur des approches innovantes pour la surveillance des maladies des bovins.
- Nicolas FORTANE, docteur en science politique, est chercheur en sociologie à INRAE (IRISSO, Université Paris-Dauphine). Il travaille sur les politiques publiques de santé animale et la profession vétérinaire, plus particulièrement sur la régulation du médicament vétérinaire. Ses recherches portent sur le problème public de l’antibiorésistance, les transformations de la médecine vétérinaire rurale, le marché du médicament vétérinaire et le rôle des acteurs agricoles et agroalimentaires dans l’encadrement des usages d’antibiotiques en élevage. Il coordonne notamment les projets AMAGRI et ROADMAP.
- Christine ROGUET, ingénieur agronome et docteur en biologie, est chef de projet au Pôle Economie de l’IFIP-Institut du porc depuis 2003. Ses travaux portent notamment sur l’analyse des évolutions des exploitations porcines, et de leurs déterminants, en France et dans les principaux pays producteurs. Dans le cadre du projet ROADMAP, elle a conduit des entretiens auprès d’éleveurs, vétérinaires, responsables d’organisation de production, transformateurs et distributeurs afin de caractériser les leviers et freins aux changements de pratiques en matière de santé animale et d’usage d’antibiotiques.